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ultratrail

  • Ma Saintélyon

     

    Au début il a eu la diagonale, en 2011. Première expérience de l’ultra. Ca fait mal, c’est dur, j’en sors avec une tendinite mais quel pied, quelle aventure. Dans ma tête se met en place un « triptyque », une sainte trinité de l’ultra-trail : diagonale, templiers, UTMB.

    La diagonale me donnant 4 points UTMB, il ne m’en faut à l’époque qu’un seul autre pour accéder au tirage au sort. La seule course qui me permet en cette fin de saison 2011 de l’obtenir est la Saintélyon. Mais ma tendinite, mon planning de travail et le gros coup de pompe réunionnais m’incitent à ne pas trop vouloir en faire. La Sainté ce sera pour plus tard, l’UTMB aussi.

    Vient 2012 et ma participation à l’endurance trail des Templiers. 109 kms de boue sur les Causses de Millau. 19h15 de course dont 19h de pluie. Un plaisir… Mais j’ai rempli la deuxième étape du contrat et surtout j’ai les 3 points qui, cumulés aux 4 de la diagonale, me permettent de participer au tirage au sort 2012 de l’UTMB. Je ne suis pas tiré au sort. Rideau.

    En 2013, rebelote. Je perds les 4 points de la diagonale valables 2 ans seulement, mais je garde les 3 points de Templiers. Il m’en faut donc à nouveau 4 pour participer au tirage au sort (à ce niveau-là j’espère que vous suivez encore, il faut vraiment avoir la tête en plus des jambes pour participer à ces courses à la c…). Je pars en chasse d’une course à 4 points. Ce sera le Grand Raid du Queyras fin juin. 128 kms dans un endroit que je connais comme ma poche, c’est la course pour moi. Hélas les conditions météos désastreuses de ce printemps jouent contre nous et la course est annulée, reportée sur le demi-format de 58 kms. Je le boucle et empoche deux points.

    Restent deux points à trouver. Ça pourrait être à nouveau les Templiers mais bof, j’ai déjà fait. Les Hospitaliers sinon mais le temps que je me bouge c’est complet. Reste la Sainté. Aller c’est parti. Je flippe un peu car si je me loupe, plus de solution de repli. C’est la der des ders, la dernière course de 2013. Un échec, une annulation et je perds 2 ans de points UTMB, le coef 2 pour le tirage au sort. Bref celle-là j’irai au bout et encore plus s’il le faut !!!

     

    Bon tout ce préambule pour lancer le compte rendu de cette course.

    La Sainté 2013 c’est 75 kms de nuit entre Saint Etienne et Lyon, par les monts du Lyonnais. C’est 56 % de route, le reste de chemins, de pistes. C’est du verglas, de la neige, de la boue. C’est 14000 personnes sur l’ensemble des courses, 8000 pour le seul 75 kms auxquels s’ajoutent les relais. C’est donc la cohue d’un Marseille Cassis sur les sentiers des calanques, de nuit dans la neige, le tout éclairés aux frontales. C’est enfin 1800m de D+ et 2100m de D-, Lyon étant plus basse que Saint Etienne.

    Ma Saintélyon c’est surtout une course en compagnie d’Elodie. Toute auréolée de sa diagonale elle court elle aussi après l’UTMB. Il lui manquait 2 points, ce sera la Sainté cette année encore. Et comme on doit juste arriver au bout on se dit que ce serait sympa de la vivre le plus longtemps ensemble.

    Elodie et la Sainté c’est déjà de l’histoire ancienne. Du pur Warriorette. L’année dernière elle était encore à Paris samedi après-midi, à sauter au dernier moment dans le train pour Lyon, se nourrissant d’un mauvais repas SNCF, calant une bouteille d’eau dans le soutif et finissant sa première Sainté. Autant dire que cette année c’était, sur le papier, plus que du velours pour elle...

    La Sainté 2013 c’est la 60è édition d’une course mythique et populaire. L’organisation est donc bien rodée. On récupère nos dossards en quelques minutes au palais de sports de Lyon Gerland. De là une navette nous amène à St Etienne, de porte à porte. Le pied ! Un grand hangar, style hall de foire nous accueille. Des gradins, une zone calme, des transats mis à disposition, du chauffage, tout est fait pour nous permettre d’attendre minuit, l’heure du départ sinon du crime.

    Une pasta party bien décevante plus tard, on se pose et se repose sur nos transats, sans vraiment trouver le sommeil. On voit à coté de nous les vieux briscards bien organisés, avec matelas gonflables et duvets, casques sur les oreilles et caches sur les yeux.

    23h30, on se prépare, on se change. Camel back sur le dos, bonnet sur la tête, gants sur les mimines, on se rend sur le site départ. J’ai eu beau en faire pas mal de ces départs je ne sais pas pourquoi l’émotion m’a pris sur celui-là. L’éclairage des frontales, la minute de silence pour ce champion décédé dans l’année, y’a quelque chose…

    Puis au son de light my way de U2 c’est le départ. 7 kms de route pour sortir de la ville et enfin rejoindre nos chers sentiers. 7 kms d’un long ruban de lumière, d’un flot ininterrompu de coureurs. Le thermomètre d’une pharmacie affiche -5°. Ambiance…

    Puis ça y est, on monte, la route se rétrécie, le verglas commence à apparaître et au sommet de la côte la neige, les champs. Ah enfin !

    Un bouchon. Vu comme ça glisse certains chaussent leurs chaines à neige. On hésite puis on les met nous aussi. Et là, le pied, c’est le cas de le dire. On va trouver tout au long de la course 2 types de coureurs : ceux qui ont ces chaines et qui courent quasi normalement, et ceux qui marchent et se ramassent à côté (au bas mot une douzaine sur la course). Le gain est indéniable. Nous avons opté pour le système Turtles. Deux triangles de chaines sous la semelle reliées par une sangle en silicone qui les maintient sur la chaussure. Ca s’enfile et s’enlève en quelques secondes, ça tient, et seul le métal est en contact avec le sol, du coup c’est solide et ça ne s’use pas, contrairement à d’autres modèles.

    Bref nous voilà sur nos sentiers. Difficile alors de vous faire un « vrai » compte rendu de la course. Il fait nuit, on passe notre temps à slalomer entre les coureurs et les marcheurs. Ça monte, ça descend. On passe par de la boue, de la neige, du verglas. Au milieu de nulle part (mais alors vraiment nulle part) on trouve soudain quelques zigs qui nous encouragent à grand renforts de cloches et autres sifflets, un petit braséro à côté. On franchit de villages endormis et d’autres plus que réveillés. C’est fou. On bouchonne, on court, on marche dans les montées. On passe de la moiteur de la forêt au petit vent très frais des crêtes.

    Elodie est une locomotive. Là où j’enlève et je remets ma veste, mes gants, où je réajuste mes Turtles, elle continue telle un métronome. Impressionnante la miss. A chaque mini arrêt elle continue et je fais l’effort pour la rejoindre. Bizarrement je me sens plus à l’aise en descente, et j’arrive (un peu) à la distancer et à rattraper quelques concurrents. Et tout aussi bizarrement, alors que d’habitude je me débrouille mieux en montée, là je rame et je force pour la suivre.

    Les kilomètres se suivent, pas assez vite à notre goût. Les ravitos aussi, bien que nous ne nous y arrêtions que très peu, tellement il est difficile de repartir dans le froid. On va passer la nuit comme ça, à courir beaucoup, à marcher un peu, à discuter et à s’encourager.

    Au bout de 55kms je commence à bâcher. L’aube arrive mais Lyon est encore loin. Je force pour tenir jusqu’au ravito. Je suis récompensé par la beauté du soleil qui se lève au loin, pile de derrière le Mont Blanc. Magique ! Fabuleux !

    Passé l’avant-dernier ravito, je repars avec Elodie mais dans la douleur. J’ai trop forcé et je commence à le payer. Je tiens au mental mais bientôt, la mort dans l’âme, je dois me résoudre à laisser partir ma locomotive. Elle a encore le feu, moi je m’éteins peu à peu. Vers le 60è ça se confirme : les jambes tétanisent. Impossible de courir. Lorsque je m’y essaie les crampes arrivent au bout de 100m. Donc je marche. 15 kms. Le temps d’en voir passer des concurrents. Des minces, des gros, des très gros, des jeunes, des vieux, des vieilles. Comme dirait Claude, des « qui marchent plus vers la tombe que vers l’arrivée », mais qui marchent néanmoins. Et plus vite que moi. Les boules.

    Au 65è, alors que je passe le panneau, une ampoule que je me traine depuis plusieurs heures déjà se crève d’un coup sous le pied droit. Ils vont être longs ces 10 derniers kms…

    J’arrive sur Lyon en marchant, descendant des volées de marches arc-bouté sur les rambardes. Après mon expérience difficile sur le Lyon Urban Trail en avril 2012 où j’avais abandonné sur un gros coup de fatigue, je me dis que Lyon et moi c’est définitivement pas fait pour coller.

    Les kms s’égrènent lentement. Je prends mon mal en patience en marchant à mon rythme. Puis c’est le Rhône, puis Gerland, puis l’arrivée. 11h43’35. Plus du double du temps du 1er. 1h06 après Elodie, impériale.

    On se retrouve dans le palais des sports, à se dire que non plus jamais ça, elle est trop dure celle-là. Et c’est vrai qu’elle est très dure. Je ne sais pas pourquoi on a tous cette impression. Est-ce le froid ? L’alternance route-sentiers qui permet de courir plus que d’habitude ? La nuit ? Mais qu’est-ce que j’en aurai bavé ! Sans doute aussi que de partir pour « juste » avoir des points qualificatifs au bout ne met pas dans l’ambiance habituelle. On sentait ces coureurs pour qui la Sainté était le graal, le défi ultime. Pour nous elle n’était qu’un passage, une étape vers l’UTMB et pour moi une bonne prépa pour le Marathon des Sables. Et au bout du compte je m’y suis cassé les dents.

    Du coup même si je n’aime pas refaire des courses déjà faites, je pense que j’ai un contentieux avec celle-là et qu’un jour ou l’autre je m’y collerai avec comme objectif de mieux la finir. De la vaincre plutôt que de la subir.

     

     

    Nico.

     

    PS : quelques réflexions.

    1/ Lorsque j’ai raconté mon « aventure » saintélyonnaise, j’expliquai que j’avais 60 kms dans les pattes et que j’en avais 75 à faire, d’où mes 15 kms de marche, sans pouvoir courir. « Tu veux dire que tu es capable de courir 60 kms non-stop, 18 de plus qu’un marathon ??? » « Ben oui, ça va c’est que 60 kms… »

    2/ Ca me fait penser à José qui va voir son médecin du sport et qui lui dit « docteur, je viens vous voir parce que, en compétition, quand je cours plus de 90 kms, j’ai une tendinite qui m’arrive… » Et le docteur, placide, « Ok, on va voir ça… »

    3/ A ma sœur qui me dit « je ne comprends pas pourquoi tu cours 75 kms de nuit en décembre entre St Etienne et Lyon, ça me dépasse », « ben pour en faire 175 autour du Mont Blanc. » Quelle question !

    4/ Quand Elodie explique ce qu’elle s’apprête à faire cette nuit-là, certains lui répondent que la voiture ça existe. « Et là rideau, je coupe toute discussion, on est trop éloignés, pas sur la même planète, c’est pas la peine… »

     

  • Diagonale des fous

    Salut à tous,

     

    Merci pour vos messages et encouragements. Visiblement vous avez été plusieurs à me suivre durant mon périple. Ça m'a fait très plaisir, vraiment. Du coup, je vous fais un petit compte rendu de la balade.

     

    Tout d'abord, la préparation. Je partais avec un certain handicap, n'ayant pas pu m'entraîner suffisamment. La faute à une hanche puis un pied récalcitrants. Je me suis présenté sur la ligne de départ avec moins de 5h d'entraînement par semaine, moins de 650 km de cap depuis janvier, bref pas vraiment au top. Je ne savais pas non plus ce que ces blessures allaient donner durant la course, si elles n'allaient pas se réveiller au pire moment. Sans parler de mes genoux toujours tangents. Bref ce n’était pas gagné…

     

    De plus le voyage avec Jules que Marie devait gérer durant les 3 j rajoutait des contraintes. Seule consolation (et de taille !), la présence de José. Nous avions convenu de faire la course le plus longtemps possible ensemble, avec l’espoir de rallier l’arrivée côte à côte.

     

    Du coup je me revois lors du retrait du dossard. Je flippais un max, plein de doutes. Je n’en menais pas large. Je me sentais comme un intrus au milieu de traileurs que je voyais plus affutés, plus prêts.

     

    Jeudi soir le départ. En compagnie de Gérard et de ses amis, l’heure approche les derniers conseils, le cœur qui monte. Marie et Jules pas loin sur un muret à nous guetter. 22h les futurs fous sont lâchés. Une marée humaine. J’aperçois le fiston et Marie à l’endroit convenu, un dernier bisou et c’est parti. José a des fourmis dans les jambes, on court donc. Un coup d’œil au cardio, un autre sur le sol c’est lancé. Je ne veux pas m’enflammer et dès les premières pentes du volcan je propose à José de marcher. On monte d’un bon pas, on double, on se fait doubler, on discute. La chaleur diminue alors que la route monte. Premier ravito, premier pointage. RAS, on continue. Fini le large chemin, nous voici dans le vif du sujet. Des marches, des racines, des embouteillages. Ne faisons pas les difficiles on monte quand même. José a vraiment le feu. On double donc dès que possible. C’est long mais ça passe. Tiens le soleil commence à pointer son nez ; ça tombe bien nous voici à Foc Foc, le ravito qui marque la fin de la montée. Un thé chaud, un changement de pile et on repart transis de froid. Après coup on n’aurait pas dû y rester si longtemps, trop froid, trop au vent, trop de monde. Nous voici sur l’enclos du volcan, avec le soleil qui sort derrière le volcan. Moment magique. On marche on court un tout petit peu. Nous somme euphoriques. On ne sent pas la fatigue, ni musculaire ni centrale. Ravito de la route du volcan. On a doublé pas mal de monde. Un vrai repas chaud, du café (qu’est-ce que j’en aurai bu sur cette course), de la soupe. On retrouve Sydney et Marie, les copains de Gérard. Marie a souffert dans la montée mais ils s’accrochent. Le moral au beau fixe, on file vers la plaine des sables.

     

    Magique. Nous voilà au milieu de nulle part, à suivre un étroit sentier, des coureurs devants, des coureurs derrière. On double, on double, on court. Pointage surprise avant la montée sur l’oratoire Ste Thérèse. Ca y est, il fait chaud et beau. On prend des photos en marchant tellement c’est beau. Les hélicoptères passent au-dessus de nous. On a vraiment l’impression de vivre un truc magique.

     

    L’oratoire marque la fin de la montée. On bascule sur une autre vallée un autre paysage, une autre étape. Dans la descente première frayeur, le pied roule sur un rocher, la cheville part. Plus de peur que de mal. Quelques km après c’est José qui ripe sur un rocher et part en avant. Impressionnant mais sans gravité. Nous voici au piton Texor. Nouveau pointage, nouveau ravito. Je suis les conseils de Jacques et prend date, ou plutôt les dattes qui nous sont proposées. On descend alors sur mare à boue. Cadre bucolique au milieu des champs, des vaches et de la… boue. On peste en glissant. Si on savait alors ce qui allait suivre…

     

    On trouve la route et au loin se dessine le poste de mare à boue. C’est pas trop tôt. José a encore le feu, moi je commence à traîner un peu la patte. Un vrai repas chaud nous y attend et fait oublier la fatigue. On y reste 30’, le temps de bien manger, de changer les chaussettes et de se couvrir. Des nuages menaçants arrivent en effet et font craindre le pire. Chemin large au début pour redémarrer en douceur puis descente de plus en plus technique et glissante. À la fin on joue à Tarzan, en s’agrippant à chaque branche ou tronc pour ralentir (un peu) la descente de gros blocs de rochers recouverts de boue. On arrive à une route. Bon ben, José a encore le feu, on court donc dans la descente. Cool José, c’est encore long. D’autant qu’après quelques km arrive le pire du pire : la boue de Belouve. Rien ne nous avait préparés à ça. Un vrai traquenard ! 3h pour faire 4 km. Quand je pense que je nage à environ 3.5 km/h… On a perdu beaucoup d’énergie dans cette portion. Beaucoup de temps aussi. Au-delà du physique qui a été mis à rude épreuve, on s’est épuisé moralement, râlant, pestant sur ce parcours limite pervers qui n’en finissait pas ; dans l’espoir et l’attente de cette route que l’on entendait mais ne retrouvait jamais. Après bien des tours et détours nous voici enfin sortis. Tiens je reconnais le coin. C’est le début du sentier de l’école normale que l’on avait fait avec Marie. J’attends José qui est à 3’ derrière moi. Il semble encore plus éprouvé que moi. Une douleur est apparue sur son genou. A la fatigue s’ajoute alors un autre stress : on a perdu une bonne partie de notre avance. C’est une course contre le chrono qui s’annonce. Est-ce qu’on va arriver à passer dans les fenêtres horaires ? On file donc vers Hell Bourg, une pression supplémentaire sur nos frêles épaules.

     

    La descente est technique et très glissante. Comment aller vite sur des gros blocs de rochers lisses et mouillés ? Pas le temps de se poser la question d’autant que le soir tombe. On prie pour que ça passe sans gamelle. On parle peu, on blague quand même, histoire de garder le moral. Hell bourg arrive enfin. Un pointage, une montée et enfin le ravito. Café encore, soupe et on repart toujours unis pour la dernière grosse montée de la journée : le refuge de la caverne Dufour, juste au-dessous du piton des neiges. Des pentes à 15%. José marque un peu le pas. Je l’attends et tente de le remotiver. Mon pod sur la chaussure me donne des infos aberrantes depuis la boue. Il me manque des kms. Je ne sais plus où j’en suis. La montée est interminable. Chaque fois que je regarde la montre la distance n’avance pas. 100m seulement en 5’. Par contre l’altimètre monte à une vitesse vertigineuse. Enfin le cap anglais. On ne doit pas être trop loin du refuge maintenant. Pas loin non mais encore 1h30 à la frontale, sur un sol qui ressemble au pire des calanques, l’humidité en plus. Par contre une vue ! On voit la mer au loin avec des villes éclairées. Lesquelles, impossible à dire : on est un peu azimutés. Le refuge approche : aller José, on y est. On se ravitaille vite fait avant d’entamer la dernière descente qui doit nous amener à Cilaos où nous attendent Marie et Jules. José marque le pas. La montée a été pour lui un calvaire et je le sens très fatigué. Je suis pour ma part impatient de revoir ma petite famille et j’attends de pouvoir prendre un peu de repos avant la journée du lendemain.

     

    Cette descente sera celle de trop pour José. La douleur qu’il traîne au genou depuis un moment déjà se réveille et le fait boiter. Plus la descente dure et plus son rythme ralentit. J’essaie de le motiver mais je sens sa fatigue augmenter. Et cette descente qui n’en finit pas. Je ne veux plus me fier au pod et à la distance qu’il affiche. J’espère donc à chaque fois être arrivé au bloc qui marque la fin du chemin et à la route qui nous mènera au stade. Las, la route se dérobe et le chemin dure et dure encore. José n’en peux plus, je ne sais plus comment le motiver. Mais nous avons commencés ensemble et c’est ensemble que nous devons continuer. A certains moments je prends sans m’en rendre compte de l’avance. C’est éprouvant de l’attendre en se disant qu’il s’est peut être fait mal dans l’entre deux, que je n’étais pas là avec lui.

     

    Le bloc arrive enfin après un très long chemin de croix. Une portion de route nous ramène sur Cilaos. Cette fois ci c’est moi qui ai des fourmis dans les jambes. Là-bas je le sais Marie et Jules m’attendent. Je les retrouve sur le stade alors que José, quelques mètres derrière, passe par la case médecin. Retrouvailles, embrassades, je profite de mes supporters. Une douche (froide) un changement complet de tenue et je file manger avec José. Le verdict est tombé : tendinite des adducteurs. Le repas est morose. Il ne se sent pas de continuer ainsi. Je lui propose de dormir un peu avant de prendre la moindre décision (conseil avisé de nos médecins). Rendez-vous est pris pour une heure plus tard. On croise Gérard qui, gelé, nous annonce que la boue l’a gonflé et qu’il arrête, qu’il en a marre.

    Ma tente est plus que bruyante et c’est avec beaucoup de difficultés que j’émerge à 2h du mat. Je n’ai presque pas dormi mais je sais qu’à 3h30 je ne pourrai plus repartir, pour cause de délai dépassé. J’appelle José devant le piètre petit dej proposé (rien de chaud, de l’eau, du coca, des bananes). Il m’annonce qu’il jette l’éponge et reste dormir. C’est donc la mort dans l’âme que je repars, orphelin. Je suis transi de froid. On me promet un petit dej convenable 7 km plus loin, au départ du Taïbit. C’est parti donc pour une succession de descentes et de montées sur des chemins étroits et pas terribles. On traverse une rivière qui doit être bras rouge une puis deux fois. Le ravito promis est bien là. Il est chaud, tout comme les bénévoles. Il est pourtant près de 3h30 du mat mais ils ont le feu, ça chante, ça rigole, ça blague. Qu’est-ce que ça fait du bien.

     

    Je commence la montée du Taïbit que j’avais repéré l’année dernière avec Marie. Je suis crevé et je me dis que la descente sur Marla va être sportive avec cette fatigue. Je me cale « au chaud » avec un groupe de créoles et les suis comme un zombi. J’ai dans mon souvenir une petite clairière où l’on avait mangé avec Marie. De l’herbe épaisse, un chemin qui repart sur du plat, pas de vent selon toute vraisemblance. J’y fais halte alors que l’aube commence à arriver. Je m’accorde 2h de pause, m’emmitoufle dans une capeline et je m’endors. Environ 45’ plus tard des créoles descendent en encourageant les « coureurs ». Me voyant ils m’interpellent, craignant sans doute que je sois en mauvaise posture. Je les rassure et décide de repartir, complètement gelé. Le soleil qui arrive, la pente qui mène au col me réchauffent rapidement et c’est bien réveillé que je passe le col et entame la descente dans Mafate. Marla arrive en même temps qu’une douleur lancinante au genou droit. Pointage, ravito, café, je repars direction Trois Roches puis Roches Plates. Les descentes se suivent et la douleur s’installe. Impossible d’amortir sans grimacer. Roches plates. J’espère y trouver un médecin. Ce sera un infirmier. Un strapping. Un bâton. Je repars. 15 km me séparent de Deux Bras où je trouverai médecin et kiné. 1000m de D- et des crises de douleurs. Je m’enfile consciencieusement doliprane et di antalvic, mes copains du moment. José et Marie au téléphone sont une aide précieuse. Je me force parfois à suivre des concurrents pour avoir quelqu’un à qui parler et ne pas perdre trop de temps à vouloir sans succès limiter ma douleur.

     

    C’est long très long. A un moment une bonne nouvelle : la qualif de la France pour la finale de rugby. C’est fou, on est au milieu de nulle part dans un des cirques les plus reculés de l’île mais la nouvelle fait biper les portables autour de moi, tout comme elle a suscité questions et commentaires tout à l’heure à l’îlet de orangers, l’un des plus reculés du cirque.

     

    Alors que Deux Bras se rapproche, notre route rejoint celle du trail bourbon, le « petit » qui fait quand même 91 km. On différencie bien les coureurs. Il y a ceux qui courent et ceux qui boitent. A un moment une rencontre merveilleuse : je croise une créole en tenue de coureuse, qui encourage les traileurs. Je sursaute : « Marcelle ? ». C’est Marcelle Puy, qui a gagné 5 fois la diagonale, la dernière fois en 2010, celle que j’ai vu sur des affiches en bord de route l’année dernière qui est en train de m’encourager et de discuter naturellement avec moi. Elle fait la Mascareigne, la petite course du lendemain (60 km quand même). Je la laisse tout déboussolé. Deux Bras arrive enfin. Je n’ai jamais été aussi content d’arriver à un ravito.

     

    Première chose un médecin. Le régulateur est un interne à qui j’explique au mieux mes douleurs, leur localisation, le traitement antalgique que j’ai pris, la douleur que je ressens. Il semble pessimiste et m’annonce que je suis limite d’être mis hors course. Il me propose d’aller voir un kiné, d’attendre 15’ et de retourner le voir. Je file donc dans la tente kiné et suis pris en main par une jeune kiné au top. J’ai oublié son prénom mais je n’oublierai jamais ces instants où, aidée d’une élève infirmière, elle m’a littéralement remis sur pieds. « Ça fait combien de temps que tu la prépares cette course ? » « Un an ». « Il te reste combien de km ? » « 37 ». « Alors tu vas aller au bout ». « J’y compte bien ! ».

     

    Un repas chaud, un dodo d’une heure et c’est reparti pour la montée sur Dos d’âne. La nuit tombe lors de l’ascension. La troisième nuit ! C’est fou ! Je ne me sens pas forcement fatigué pour autant, mon heure de (mauvais) sommeil m’a fait du bien. Je pense retrouver mon équipe au sommet mais c’est sans compter sur les aléas de la vie. Un contre temps repousse notre rencontre à la Possession. J’arrive à Dos d’âne frais et en forme. J’enchaîne sur la Possession que je pense atteindre rapidement. Rapidement ? 4h de route, de chemin, de descentes à pic et absurdes, de passages casse moral. Comme la veille je tire la langue en espérant retrouver rapidement les miens. A cela se rajoute la douleur qui revient par crises algiques. Mes quelques comprimés ne font pas le poids. Je me sens en plus coupable de ne pas pouvoir aller plus vite alors que je sais qu’ils m’attendent, que l’heure court et qu’ils sont déjà en gros manque de sommeil.

     

    La Possession arrive enfin. J’avoue que j’en ai marre. Je n’ai plus qu’une envie, que cela finisse. On est dans les faubourgs de villes sans intérêts. On a tous l’impression de faire des kms pour en faire, sans qu’ils nous apportent quoi que ce soit. Je retrouve les miens avec beaucoup de plaisir. Jules est crevé mais très câlin. Marie est inquiète mais organise la troupe avec toujours le même brio. José est déçu mais me pousse à finir. Ça fait un bien fou de les retrouver. Je prolonge le moment mais il me reste encore 20 km. 20 km, même pas un semi. Moins que ce que j’ai déjà fait à l’entraînement. Et pourtant. Ce sera si long. La troupe veut me retrouver à la Grande Chaloupe, ma prochaine étape mais je suis si fatigué que je veux trouver un coin tranquille pour dormir un peu avant la fin. D’autant que je sais dorénavant que je suis largement dans les temps. Je prends le chemin des Anglais, portion de pavés disjoints de 5 km. Je me joins à un groupe qui comprend un local qui fait le trail Bourbon accompagné d’un couple. Leur rythme est bon, leur discussion sympa, je m’accroche et les suis jusqu’à la Grande Chaloupe. Je les laisse après m’être ravitaillé et repars sur une nouvelle portion du chemin des Anglais. Celle-ci doit m’amener jusqu’à La Montagne où dort mon équipe, hébergée par des amis de José. J’y retrouve Hugo, que l’on a rencontré avec José dans la descente sur Hell bourg, il y a un siècle déjà. On discute tous deux, il est infirmier lui aussi et c’est sa première expérience sur l’ultra. Il connaît bien le coin, y habitant, et m’indique les dernières difficultés à venir. Je suis si fatigué que je titube. Je me sens faire des écarts involontaires. Heureusement que nous sommes sur une vraie route, bien bitumée. Je décide de l’abandonner quand se profile un abribus. Il ne me reste qu’environ 11 km mais je me dis que j’ai de l’avance sur le temps et qu’il est préférable de ne pas prendre de risques dans la descente technique qui m’attend. D’autant plus que je peux avoir la possibilité d’arriver au matin, ce qui serait mieux à la fois pour voir le chemin et pour laisser un peu de sommeil supplémentaire à mes loulous.

     

    30’ de sommeil, pas plus, mais je me sens beaucoup mieux. J’ai encore froid mais la montée qui m’attend va vite me réchauffer. Je quitte la route pour arriver à la fenêtre, portion de 3 km avant le Colorado, la descente vers le stade de la Redoute. Le chemin est glissant, pentu, plein de racines et de boue. Rien ne nous sera donc épargné. Je double, double et double encore. J’arrive en vue du Colorado alors que le jour se lève. Dernier pointage, dernier café et je file. Je me sens enfin léger. Je me joins à un groupe du trail bourbon dans lequel se trouve un triathlète. On parle tri, je le chambre sur sa natation, on parle technique de nage et épreuves passées. J’appelle Marie pour lui annoncer mon arrivée. Je la rappelle pour lui annoncer que je serai sans doute en avance. Je me sens euphorique. Je double encore, je quitte mon triathlète pour courir dans une descente hyper technique. Je double Hugo qui est à la peine. Je lui ai repris la demi-heure où j’ai dormi. Un coup de fil à José pour lui dire que je serai encore plus en avance que prévu. Je double, je file, je cours, je chante.

     

    Le Colorado se termine enfin. Je sais que c’est fini. Je sais que je l’ai fait. Je saute en courant, je fais l’avion sur la portion de route qui mène au stade. J’y retrouve mes supporters. Une main pour Jules et c’est parti pour l’arrivée. Mon autre main pour Marie, José pas loin, j’entre dans le stade. Un fou devant a peur que je le double. Non mon gars, plus maintenant. Finis tranquille je savoure trop l’instant et puis ça ne se fait pas.

     

    Elle est là cette ligne. Je prends le temps des photos avec ma famille. « Ne les ratez pas celles-là, elles valent de l’or ! ». Je franchis la ligne, nous franchissons la ligne. J’étais Embrunman, Ironman, Powerman. Je suis dorénavant fou. Tout simplement.

     

    Au final merci à vous tous, aux encouragements, conseils, suivis, messages. Merci à ma famille. Merci à Jules et Marie pour m’avoir supporté et pas seulement durant ces trois jours. Et merci à José qui m’a planté cette idée en tête. Ça a été le moment le plus dur à vivre durant ce séjour. Le seul goût amer. Ne pas franchir la ligne avec lui. Mais je sais qu’il en est capable et qu’il relèvera ce challenge.

     

    A bientôt.

     

    Nico.

     

  • Le matériel

    Un petit topo sur mon matériel pour cette course unique. Cela pourra peut-être aider les futurs concurrents, et amuser les autres…

    La casquette : saharienne bien évidemment ! Et blanche pour la réverbération. C’est celle que j’avais déjà utilisée pour la diagonale, une raidlight. Je la connais bien. C’est sûr qu’elle me donne un look spécial mais si je ne la porte pas là, quand le pourrais-je ? Rien à redire, elle a été parfaite, comme je le savais déjà.

    Les lunettes de soleil : Oakley comme toujours. Bien couvrantes, c’est un vieux modèle que je porte depuis des années. Elles me vont bien, ne me font pas mal même après plusieurs heures. Elles aussi, rien à redire.

    Le Buff : un vieux Buff qui sert à tout : à me protéger le cou du soleil, à me protéger les yeux de la lumière durant la nuit, à me sécher lors de la toilette, c’est l’outil multi usages. Il a été parfait, pas trop chaud et très agréable au toucher. Je l’ai oublié autour de mon cou même en pleine chaleur !

    Le T-Shirt : manche longue pour protéger les bras, blanc contre la réverbération. C’est un vieux que j’avais reçu lors du trail blanc à Serre Che. Un clin d’œil au froid de la neige en plein cœur du Sahara. Je craignais un peu les manches longues avec la chaleur mais en fait ça gardait une certaine fraîcheur, d’autant plus quand je m’aspergeais d’eau. Aucun regret !

    Le short : un corsaire de compression Booster. Le seul corsaire blanc que j’ai pu trouver tout au long des sites internet. J’étais le seul à oser le blanc mais finalement je pense avoir fait le bon choix. Toujours ce souci de lutter contre la chaleur en utilisant du blanc, bien qu’au fil des jours il se transforme en beige… Le côté compression était le bienvenu, maintenant les muscles et prévenant les douleurs. Le seul bémol est que, couplé aux manchons, ils laissent les genoux au soleil. Mais un peu de crème solaire et le tour était joué.

    Un caleçon : tout bête…

    Des manchons : blancs eux-aussi. Des Compressports, pour changer de mes boosters qui ont fait leur temps. Ils ont bien rempli leur office, protégeant du soleil et des crampes, sans amener trop de chaud.

    Une paire de gants de pieds : des chaussettes à 5 doigts, pour éviter les frottements et donc les ampoules. Agréables à porter mais finalement, j’ai eu les pieds dans le même état que tout le monde. Ce n’était donc pas la solution, s’il en existe une…

    Une paire de chaussettes : oui, une deuxième paire. L’idée était d’éviter les frottements chaussette-pied en les remplaçant par chaussette intérieure-chaussette extérieure. Ça me donnait aussi de la marge pour remplir mes chaussures très grandes (46 pour une pointure en 42,5) tout en pouvant les enlever si les pieds gonflaient trop. Finalement, là encore, les ampoules ont quand même fait leur apparition. Comme quoi, pas de recette miracle.

    Les chaussures : Asics, que je connais et aime bien. En tissu très fin pour éviter au sable de rentrer. Une grande surface au sol pour mieux tenir dans le sable. Grandes et confortables. Aucun frottement désagréable mais le bonheur malgré tout le soir lorsque je les enlevais… A noter le nombre prépondérant des Hoka parmi les coureurs, sans doute pas loin d’un quart…

    Les semelles : toujours celles de Mr Guer, spécialement adaptées pour la pointure des chaussures. Encore une fois du grand art.

    Les guêtres : les raidlight ! Après exploration et marchandage, j’ai trouvé un cordonnier qui m’a cousu le velcro tout autour de la chaussure, au plus près de la semelle, sauf sur le renfort avant où il est passé sur le dessus. Double couture, haut et bas. Du travail de précision pour 20 euros. Il ne m’a resté qu’à fixer à la colle néoprène la partie avant, en me disant que j’aurais la sécurité de pouvoir doubler sur celui du dessus si nécessaire. Ces guêtres s’enfilent sans soucis, munies d’un manchon élastique. Si le scratch est bien mis, elles ne laissent passer que très peu de sable (moins d’une cuillère à café après l’étape des dunes). Lorsque le terrain devient plus caillouteux, il est facile de les dé-scratcher et de les fixer sur le dessus du manchon de compression, ce qui permet aux pieds de s’aérer. A noter que celles vendues sur le site du MDS ont fait l’unanimité contre elles, fragiles, fermeture éclair qui coince un max. J’avais pris la bonne option.

    Les bâtons : j’étais le seul couillon à me trimballer mes bâtons non télescopiques avec moi dans le train et l’avion, rangés précautionneusement dans un gros étui en carton cylindrique. Oui mais ils ont fait les 250 kms sans faiblir ni casser et ils ont été d’une grande aide. Il faut bien entendu en avoir l’habitude et savoir s’en servir. Mais quel pied de marcher avec 4 appuis au lieu de 2, de pouvoir s’y appuyer lors des passages difficiles dans les dunes. Je n’avais pas mis de rondelles au bout mais finalement, mis à part quelques très rares moments de sable très mou où ils se sont enfoncés d’une dizaine de cms, ils restaient bien plantés en surface. Et moi qui n’utilisait pas les dragonnes jusque-là, je me suis rendu compte que sur ces parcours très plats et monotones, elles avaient toute leur utilité, soulageant les mains.

    Le sac : Ma douce m’avait offert, il y a un an déjà, le sac WAA. J’avais pris l’habitude de l’utiliser lors des entraînements et sur certaines petites compétitions. Seul le pack avant me semblait de trop au quotidien et j’avais des scrupules à l’utiliser, tout en le trouvant bien fait. La forme rectangulaire du sac, avec une grande ouverture m’avait conquis. Les porte-gourdes plus rigides que ceux du sac précédant me donnaient plus confiance quant aux ballottements éventuels. Finalement j’en ai été ravi. Grande capacité de rangement intérieur, poids très bien réparti entre avant et arrière, filets sur les côtés, impeccables pour y loger ce qui ne rentrait pas dedans, attaches inférieures parfaites pour fixer le matelas, rien à redire. Et après une semaine plus qu’intensive, seul le bord d’un des portes bidon s’est légèrement décousu, vite réparé d’un bout d’élasto. Un bon tiers des Français l’avait et les avis étaient plus que positifs. Quant à ceux qui avaient opté pour le sac Olmo, ils étaient plus d’un à râler sur le rapport qualité-prix…

    Le duvet : grande question pré-course : poids ou chaleur ? Finalement compromis avec ce sac Wilsa de 400g qui me promettait de tenir jusqu’à 0°. Petit volume, petit poids, petit prix (165 euros) mais j’avais le plus chaud dans la tente 12, dormant souvent torse nu. Une sacrée réussite !

    Le matelas : peu de confort pour ce matelas en mousse avec revêtement alu pour protéger des transferts de température. Une découpe au Mili poil (sarcophage et distance mini tête-bassin) pour enlever tout le superflu et arriver à 120g. Finalement je n’ai pas eu froid et j’étais trop fatigué le soir pour me rendre compte du manque de confort…

    Une polaire : le premier prix Décathlon. Sans fermeture éclair ni quoi que ce soit. Chaude (limite trop…) très légère et confortable. Beige pour jouer encore une fois sur la réverbération. RAS.

    Un caleçon de course à pied : pour le soir et la nuit. Jambes longues pour le confort et le froid. Le plus léger de ceux que j’avais. RAS là aussi.

    Des sandales : 22g la paire ! Aucun confort mais un gain de poids indéniable. J’en étais à rogner sur les côtés de la semelle pour gagner un peu de matière. Pas de regrets non plus lorsque je les ai laissés sur le bivouac le dernier jour.

    Des bouchons d’oreille : impératifs contre les ronflements de voisins. Je les ai bénis !

    Un nécessaire de toilette : mini tube de dentifrice, brosse à dents au manche coupé, gants de lavages à usage unique (1/j). Nickel. A noter que nous avions parfois assez d’eau le soir pour se faire une « douche » en « gaspillant » un demi-litre d’eau. Le bonheur de s’enlever la transpiration et le sable !

    Une popote : en alu toute bête, avec une poignée. A noter pour ceux qui partent à plusieurs, il peut être malin de n’en prendre qu’une car, finalement, on n’en utilisait que 2 ou 3 le soir, ne mangeant pas tous en même temps (pour cause d’arrivées décalées et de soins des pieds entre autre…).

    Un couteau : obligatoire ! J’ai sacrifié un vieux couteau de cuisine dont j’ai coupé le manche en bois et dont j’ai recouvert la lame d’un bout de carton. Poids mini mais usage maxi car bien affuté.

    Une cuillère et une fourchette : j’avais récupéré des couverts de l’hôpital. A oublier, ils m’ont lâché au bout de 2 jours… Heureusement un copain prévoyant m’a fourni une cuillère plastique style Décathlon qui m’a sauvé.

    Des pastilles Esbit : de l’essence solidifiée. Au départ je pensais utiliser le bois du désert, et c’est vrai qu’il y en avait toujours au bord du camp, mais deux pastilles et 5’ après l’eau est chaude, on s’est tous convertis à ça dans notre tente.

    Un briquet, obligatoire.

    Une couverture de survie : basique, toujours dans son emballage, c’est bon signe…

    Un miroir, pour signaler un problème, j’ai emmené un miroir de signalisation que je tenais du sauvetage. Style mini CD. Pas servi, parfait !

    Un Aspivenin : obligatoire mais qui n’a heureusement pas servi non plus.

    Des mini-ciseaux : j’avais pris ceux des kits à pansement de l’hôpital, ça sert toujours, notamment pour couper l’élasto.

    L’élasto, justement puisqu’on parle de lui. Essentiel pour ma cheville folle, il a maintenu l’articulation durant toute la course, sans faiblir ni trop se desserrer. Sur les épaules et les reins, pour éviter les frottements du sac. Parfaits, pas un échauffement, mais par contre on s’est tous pris des boutons d’un autre monde avec la colle et la chaleur. Sans regrets néanmoins.

    Deux gourdes : logées sur les sangles du sac, avec la pipette qui se trouvait près de la bouche. Le meilleur système loin de là, utilisé par la plupart d’entre nous. La gauche d’eau, la droite de produit énergétique. Mon seul regret, ne pas avoir pris de pastilles micropur pour désinfecter les gourdes après plusieurs jours de mélange eau + sucre + chaleur.

    De la crème solaire : déconditionnée dans un sac congélation. Erreur, ça fuyait de partout…

    Du gel hydro alcoolique : pour se désinfecter les mains, même conditionnement, même punition…

    De la crème NOK, contre les frottements : inutile, je ne m’en suis pas servi du tout.

    Du désinfectant local : une pipette de chlorexhidine : obligatoire mais pas servi, les docs ont mieux et plus !

    Du pansement hydrocolloïde : en cas d’ampoules, mais inutiles vu ce qu’ont les docs à l’étape.

    Un mini crayon : rogné au max mais finalement inutile.

    Un bout de ficelle à rôti : pour dépanner. Pas servi mais on ne sait jamais.

    Un tube de colle super glue : 2g qui peuvent bien dépanner…

    Une lampe frontale : pour la longue, avec 2 piles de rechange. Toujours la même, RAS.

    Mon IPhone : pour les photos et la musique, avec la super coque pour le protéger.

    Un mini casque audio, toujours pour la musique, le top, surtout sur la longue.

    Un chargeur solaire : alors là j’ai vu le pire du pire : Seb qui avait la guigne et dont le premier chargeur a rendu l’âme avant même le départ et qui achète à prix d’or un deuxième chargeur iland. Ne voulant pas s’alourdir il leur laisse la batterie jusqu’à l’arrivée, or celle-ci s’avère indispensable pour charger ses appareils (go pro et portable), question d’ampérage. Du coup lorsqu’il voulait charger, c’était le capteur qui pompait le peu d’énergie restante dans ses appareils. Chaque chargeur valant plus de 100 euros, les boules. Le mien m’a coûté 20 euros à Carrefour. Je ne pouvais bien entendu pas lui demander des merveilles mais chargé à bloc avant le départ, utilisé avec parcimonie et rechargé à l’arrivée au bivouac, il a rempli sa fonction parfaitement pour une centaine de grammes, cordon compris !

    La bouffe. La moitié du poids du sac, au minimum ! Une journée type c’est un café sucré et des céréales pour le petit dej. Puis pour l’étape des fruits secs (vive les caouettes !), parfois un gel mais je me méfie du sucré, des mini saucissons et basta. A l’arrivée, un taboulé. Tout le monde me l’enviait. Un peu d’eau dans le sachet congélation et je le laissais gonfler le temps de vaquer à mes occupation, puis à moi le repas copieux et réconfortant. 4 bonbons pour la note sucrée et un poids mini. Le soir un plat lyophilisé et un dessert que je gardais parfois pour le petit dej du lendemain si je n’en avais pas envie. 2000 calories / j pour 3,5 kg au total. Qui dit mieux ? Si les plats salés MX3 sont au top sur le goût et le ratio poids/calories, les desserts sont très inégaux. Compotes, salades de fruits et yaourt aux fruits passent super bien, gâteau de semoule et crème au chocolat sont immangeables ! Tout était bien entendu reconditionné dans des sacs congélation, la quantité d’eau nécessaire notée sur le sachet (les gourdes étaient étalonnées pour les quantités). Les bouteilles de l’organisation, découpées, servaient d’assiette.