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Les Renards du Désert

De notre rencontre au Marathon des Sables à Ötillö, voici les aventures de notre binôme qui, en deux ans, aura pas mal voyagé pour assouvir sa passion pour un sport naissant, le swimrun.

Les renards du désert.

 

 

Guy et moi, nous sommes rencontrés au Marathon des Sables, en 2014. J’étais venu seul et il fallait que je choisisse une tente qui allait être ma maison durant toute la course. C'était celle où il était déjà avec un de ses amis, Michel. Nous nous sommes bien entendus dès notre première rencontre ; le hasard avait bien fait les choses.

 

Dès la première étape, nous nous rendons compte que nous avons la même vitesse de course. Nous passons les 36 kilomètres de désert à discuter, à nous découvrir. Finalement, durant tout le séjour, nous apprendrons à nous connaître. C'est que, pas loin de 250 kilomètres parcourus ensemble, sans parler de tous les temps de vie commune, sous la même tente, ça finit tout de même par créer des liens !

 

Au bout de l'aventure, une belle rencontre. Nous avons l'envie de nous retrouver. Nous faisons également un constat : nous avons visiblement le même niveau en course à pied et en natation, le même profil de triathlète-ultra-traileur, les mêmes envies de courses.

 

Quelques semaines après mon retour du Maroc, je participe à L'Odyssée du 13, une compétition de natation en mer à La Ciotat à l’Est de Marseille. C'est à chaque fois l'occasion de ressortir les palmes, de faire une traversée de 3 kilomètres bien agréable, de retrouver des amis de ce milieu-là. 

 

Et justement, l’un d’entre eux, Patrick, me parle d'une compétition un peu dingue en Suède, Ötillö. Il s'agit de traverser la baie de Stockholm en alternant nage et course. « Tu nages avec tes chaussures et tu cours avec ta combi ! Un truc de fou. » Une recherche Internet plus tard, je me rends compte que celle-là, il faudra un jour ou l'autre que je me la fasse. Le site est encore très léger. Le mot swimrun lui-même n'est pas encore clairement défini. Parfois, on parle de swimrun, parfois de swim and run. Et puis, à part Ötillö, presque rien n’existe. Et encore moins en France !

 

Dans l'hiver 2014, Jack me contacte pour participer au premier swimrun de France, le Troll Enez : environ 40 kilomètres dans le Golfe du Morbihan, en octobre 2015. Ce sera juste par rapport à l’UTMB auquel je vais participer fin août mais ça devrait passer.

 

Pour faire cette course, il me faut un coéquipier. Je pense aussitôt à Guy. Ce serait l'occasion de nous retrouver, d’autant plus que, comme nous avons le même niveau, aussi bien en natation qu’en course à pied, ce serait jouable. Aussitôt dit aussitôt fait, Guy est partant. Nous ne le savons pas encore, mais c’est le début d’un binôme qui va pas mal voyager. Il nous faut un nom. On s’est rencontré au Marathon des Sables. On a vaincu le Sahara. Nous serons les Renards du Désert.

 

Contrairement à beaucoup, nous avons bien anticipé la course. Nous avons fait une session d'entraînement qui nous a permis d’acquérir des automatismes et de tester le matériel. J'ai investi dans une combinaison spécifique swimrun, la seule sur le marché à l'époque : la Head Race. Le top du top. Nous testons longe, plaquettes, pull buoy. Nous nous organisons, réfléchissons à pas mal de points techniques.

 

L'expérience du Troll Enez va s'avérer plus que concluante. Notre duo, sans faire des étincelles, va survivre et même perdurer. Les Renards du Désert vont faire leur petit bout de chemin dans le monde naissant du swimrun.

 

Au fur et à mesure des courses, nous allons trouver notre rythme, nos habitudes, nos automatismes. À Guy le tempo en course à pied, la gestion de l’effort dans le temps. À moi les portions de natation où je m'occupe du repérage, du cap à suivre, de la gestion des vagues, du courant. Lui reste dans mes pieds. Il les tape de temps en temps, histoire de me confirmer qu'il suit !

 

Notre binôme c’est aussi une gestion de course différente. Je suis tout feu tout flamme au début, j’ai du mal à me laisser doubler alors que je peux tenir le rythme (à ce moment-là). Lui est plus dans l’idée de gérer. Il se ménage pour l’arrivée où il aura encore des forces alors que j’aurai plutôt tendance à flancher.

 

Sur les transitions, j’anticipe au max, mets le bonnet en avance, prépare les lunettes, ferme la combi, etc. Guy préfère arriver jusqu’à l’eau sans risquer la chute. Il se prépare au dernier moment, quitte à rester immobile alors que le chrono tourne. C’est également le seul à enlever sa combi sur une longue portion de course à pied, à la ranger dans son sac et à la ressortir à la transition suivante. Sur le moment, ça me rend fou mais notre association est à ce prix et j’accepte bien volontiers de le payer.

 

Mais Guy c’est aussi un râleur, pire que moi (si, si, ça existe !). Il est capable de se prendre la tête pendant des heures de course pour un cut off, pour un ravitaillement, pour un truc qui ne lui convient pas. À côté de ça c’est un mec capable de me supporter dans tous les sens du terme durant plusieurs heures sans jamais s’énerver. Rien que pour ça, respect !

 

Le swimrun nous convient bien par ce qu’il propose. Nous faisons de l’ultra trail. Les chemins techniques, les pierriers, le dénivelé ne nous font pas peur. S’il faut grimper avec les mains, s’il faut sauter de rochers en rochers, on y va ! Nous faisons du triathlon. Enchaîner, on connaît. Nager en milieu naturel aussi. Quant à défaire et remettre une combi, bof on peut gérer.

 

Mais ce sport nous amène confronte aussi à ce qui nous manquait peut-être dans notre pratique. Le swimrun est souvent beaucoup plus engagé qu’un tri. On nage dans des conditions telles, que la plupart des organisateurs de triathlon refuseraient de nous envoyer. Des vagues, du vent, du courant, des entrées et sorties de l’eau « chaudes » même pas peur. Il y a des rochers, ça glisse, il faut escalader, s’agripper, pas de problème. On est loin des sorties de l’eau avec tapis (rouge !) d’un tri. Le principe c’est que si vous vous sentez d’y aller, alors allez-y, sinon faites autre chose.

 

Pareil à pied. On passe à des endroits où la majorité des triathlètes purs ne s’aventureraient jamais. Ce n’est pas un jugement de valeur. Juste le constat que certains d’entre nous, dont nous faisons partie, kiffent ça. Nous arrivons parfois à y tirer notre épingle du jeu, alors que ça ne tente pas du tout d’autres athlètes qui sont plus performants dans d’autres conditions.

 

 

Ce n’est pas que l’on se mette en danger, mais il y a une prise de risque en swimrun qui nous plaît, une vraie confrontation avec les éléments. Sans parler des parcours qui sont plus attrayants puisqu’en pleine nature, et parfois même assez engagés. Il s’agit le plus souvent de rallier un point A à un point B, concept que nous plébiscitons dans les courses que nous choisissons. Et l’idée d’utiliser un milieu supplémentaire (par rapport au trail pur) ouvre tellement de possibilités.

 

À pied on se parle beaucoup, on se modère ou on s’encourage, on se booste le cas échéant. Et aussi… on se prend souvent la tête ! Je suis assez souvent devant et j’accepte qu’il prenne un plus son temps, comme il accepte que je le booste. Et quand je n’en peux plus, il est là pour prendre le relai et m’obliger à me sortir les tripes, sans râler parce que je me suis grillé plus tôt.

 

En natation, je suis le poisson pilote de l’équipe et je profite du temps où il finit de s’équiper pour anticiper les conditions de nage qui nous attendent. Sur les longues portions nous nous attachons, sur les courtes il reste dans mes pieds. En revanche, quand mes bras ne me permettent plus d’avancer, nous échangeons les rôles et il prend la tête à son tour.

 

Nous ne sommes pas les plus rapides, c’est certain. Nous pourrions gagner énormément de temps simplement sur les transitions, c’est sûr. Mais notre binôme fonctionne comme ça, plutôt pas mal, malgré tout.

 

Bref, vous l’aurez compris, mon affinité pour le swimrun tient pour beaucoup à l’amitié qu’est la nôtre. Viendra nécessairement un moment où nous participerons à une course avec un autre binôme, comme j’ai failli le faire ce printemps, mais pour le moment le swimrun rime pour moi avec Renards du Désert.

 

 

 

Mais laissez-moi vous narrer nos aventures.

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