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Engadin swimrun 2016

Deuxième swimrun avec Guy. Les Renards du Désert rencontrent les marmottes.

 

Changement de décor pour 2016. Après les îles du Golfe du Morbihan, voici les lacs de montagne de la Suisse. Direction Saint Moritz ! Puis ce sera le froid des fjords norvégiens avec le Rockman.

 

Guy et moi cherchons à participer un jour ou l'autre à Otillö. Pour cela il nous faut passer par certaines épreuves. Tant qu'à faire, nous choisissons celles qui nous plaisent. L'Engadin en fait partie. C'est l'une des étapes des courses qualificatives pour Ötillö. Elle a la particularité de se passer en montagne. À nous l’altitude, le dénivelé, l'air chaud en course à pied et l'eau froide des lacs en natation.

 

Avec le Rockman que nous ferons quelques semaines plus tard, ce sont mes deux objectifs de la saison. Pas de triathlon, un marathon plusieurs mois après, c'est une saison plutôt cool. Je délaisse le vélo et me consacre à la course à pied, souvent en trail, et à la natation en piscine et en mer.

 

 

Question matériel, nous avons gardé nos combinaisons respectives, en version longue, bien que la température de la Suisse me ferait hésiter. Dois-je la couper ou non ?

 

L’expérience du Troll Enez et quelques entraînements en commun, nous ont fait alléger notre matériel. Less is more ! Oubliées les plaquettes. Au bout d’un moment les bras n’arrivent plus à tracter autant d’eau. Comme dit Guy, c’est comme vouloir monter le Ventoux sur la plaque, en pensant que l’on ira plus vite comme ça. Autre innovation j’ai allégé mon matériel en virant la ceinture porte gels et en ne gardant que la longe que j’enroule de 3 boucles autour de ma taille lorsque je ne m’en sers pas et que Guy attache à sa ceinture en natation lorsque nous voulons nous lier.

 

Le pull buoy ne flottait pas beaucoup, il glissait lors de la course et était lourd par rapport à la flottaison qu’il proposait. J’en construis deux avec des bouteilles en plastique et des bouts de frites d’aquagym. On les coince dans nos « ceintures », dans le dos et ça ne bouge plus. Ça fait bricolage mais ça fonctionne.

 

Une petite gourde souple pour pouvoir s’hydrater et c’est parti !

 

En Suisse, il s’agira de nager près de 6 kms et de courir pas loin de 39 kms pour un total de plus de 45 kms. Montagne oblige, le dénivelé total dépasse les 1500 m, le tout en altitude. Ça grimpe !

 

La semaine précédant la course, je suis en camping dans les Alpes avec toute la famille. Puis c'est le trajet jusqu'à cette vallée perchée de la Suisse. Il est épique, ce trajet ! Interminablement long ; compliqué par l'absence d'un GPS valable ; dangereux sur les autoroutes italiennes où tout le monde roule bien au-delà de la vitesse autorisée.

 

En revanche, elle est belle cette route, en particulier à la fin, vers les Grands Lacs. Ils sont vraiment majestueux. Puis vient la frontière Suisse, juste quelques kilomètres avant la vallée. Il reste encore un col à franchir, mais quel col ! Celui-là, je n'aimerais pas avoir à le grimper en vélo, lors d'un triathlon !

 

La récompense est au bout de ce dernier effort : la vallée s'ouvre lorsque nous franchissons le pas. Des lacs, des montagnes qui s'y reflètent, c'est magnifique ! Cette vallée est un véritable écrin dans lequel les lacs seraient des joyaux. Ils se suivent et se jettent les uns dans les autres, c'est un enchantement.

 

En revanche, qui dit lac de montagne, dit eau très froide. Entre 13 et 15 degrés au maximum. Cela contraste avec le soleil qui fait monter la température de l'air à plus de 30. Les transitions vont être difficiles.

 

Deux jours avant la course je me jette à l'eau dans le lac de St Moritz pour tester la température et je nage quelques centaines de mètres. Un constat, c'est vraiment très froid ! Comment allons-nous pouvoir tenir des portions de natation qui dépassent allègrement le kilomètre ?

 

Au briefing pré-course, la veille, à Silvaplana, nous rencontrons des protagonistes du reportage d'Intérieur Sport, Les Exilés, sur Ötillö. Nous y retrouverons également François-Xavier (dit Fix) et Isabelle, de Swimrun France, tous deux Marseillais. Isa avait fait le Troll Enez l’année précédente et Fix est déjà un Monsieur dans le petit monde naissant du swimrun. Nous avons en commun un ami Jean-Marie dit Akuna Matata, que j’ai eu l’occasion de croiser sur de nombreuses compétitions antérieures, de La Diagonale à L’Inferno.

 

Le briefing en lui-même nous permet de nous rendre compte de l'explosion de ce sport, de cette mainmise de l'organisation pour le développer, et en particulier le circuit Ötillö. Michael Lemmel et Matt Skott sont là. Ils font la promotion de leur compétition et on sent que nous sommes à un tournant dans l’évolution du swimrun. Les choses iront beaucoup plus vite qu’en triathlon. Ils ont tiré les leçons de ce « grand frère » et savent où ils veulent amener Ötillö et tout le sport qu’ils ont inventé avec. Ils ont une idée très précise de ce qu’ils font et de ce qu’ils veulent faire ; c’est très net.

 

Le lendemain, au départ, on sent que les choses ont bien évolué en quelques mois. Moins de bricolage, des gens plus affûtés, plus au fait de ce qui les attend. Pas mal de Français aussi. La preuve que l'engouement est réel dans notre pays.

 

Un coup de corne et la meute est lâchée. C'est parti pour une première portion trail, la seule réellement engagée. Nous commençons sur une piste large où nous progressons groupés, en une longue ligne multicolore qui se joue des premiers vallonnements. La piste se rétrécie au fur et à mesure qu'elle monte, nous obligeant à nous suivre en file indienne sur un petit sentier, sans pouvoir réellement doubler. Nous passons un col et descendons un single très caillouteux, jusqu'à la première natation, dans un lac d'altitude.

 

L'un des reproches de cette course, c’est cette première course à pied très étroite, ne permettant pas à chacun de trouver son propre rythme. C'est d'autant plus dommage que par la suite, les chemins seront beaucoup plus larges, de véritables pistes, sur lesquels peuvent circuler des véhicules ou des single assez larges et peu techniques où il est possible de doubler, d’aller chacun à son allure. Pourquoi avoir placée là cette portion, alors que plus tard nous aurions pu vraiment en profiter ? De plus, cela aurait favorisé les vrais traileurs qui auraient pu gagner du temps sur ce chemin plus technique.

 

Arrive la première natation. Guy et moi commençons à nous chamailler. Je voudrais gagner du temps sur les transitions, il joue la sécurité en n’anticipant pas et nous perdons des places. Elle pique un peu cette natation. On sent que l'altitude a rafraîchi l'eau. Heureusement que nous n'y restons pas beaucoup. Une centaine de mètres, et nous rejoignons la rive opposée.

 

À la sortie de l’eau, nous descendons vers le premier des trois grands lacs, dans lequel nous nous jetons bientôt. L’eau est moins froide, ça va. À la sortie c'est une nouvelle course à pied avec du dénivelé, qui, lors de la redescente, nous amène au deuxième lac. Puis troisième montée, quatrième natation et cinquième montée, la plus longue et la plus chaude.

 

C’est vite résumé mais en fait il y a peu à dire. À pied il s’agit de portions souvent larges, peu techniques, avec du dénivelé mais sans plus. On grimpe sur la rive, on domine le lac que l’on vient de quitter, puis celui dans lequel on va se jeter et que nous rejoignons par une descente plus ou moins technique. Dans l’eau, peu de surprises, la température est fraîche mais les portions relativement courtes. Il y a peu de courants ni de vagues, mis à part sur une plus longue portion plus exposée, que nous prenons lorsque le vent thermique s’est levé.

 

Lors de la plus longue portion à pied le soleil est à son zénith, la chaleur est maximale, le parcours sans ombre. Je regrette amèrement de ne pas avoir coupé manches et jambes pour avoir une combi plus courte et donc moins souffrir de la chaleur. Je sens arriver l’hyperthermie mais je ne peux rien y faire. J’ai dégrafé depuis longtemps le haut de la combi, me suis rafraîchi autant que je le pouvais, mais le néoprène sur les jambes fonctionne comme un cuit-vapeur.

 

Arrive enfin la natation suivante, la plus longue, 1,4 km dans le lac de Silvaplana. Michael Lemmel nous y attend. Je dois avoir une sale tête, car il s’inquiète de mon état, me propose de me ravitailler, a peur que je ne finisse pas. Je le rassure, je prends le temps de boire tout ce qui me passe par la main, nous nous équipons et c'est parti. Le contraste entre la température de l'air et celle de l'eau, est saisissant. Il s'agit de ne pas traîner. 

 

Encore une fois notre binôme va fonctionner à merveille. C'est fou, quasiment à chaque natation nous reprenons du monde. C'est là que l'on se rend compte que le swimrun attire des bons coureurs plutôt que des bons nageurs. Les plaquettes ne nous manquent pas du tout. Déjà, nous n’avons pas à les porter, ni à les enfiler, mais en plus, surtout sur des longues portions et en fin de course, nous avons encore les épaules suffisamment en état pour être capables d’avancer.

 

La section de course suivante nous fait passer dans le camping où nous logeons avec la petite famille. C'est l'occasion de leur faire un coucou fugace avant de filer vers Saint-Moritz et son lac. Là on va devoir nager 1,2 km dans le lac le plus froid de la course. C'est celui que j'avais testé il y a quelques jours. La sensation de froid est difficile à supporter. Je prends la tête, nous longeons la berge, remontons une équipe, puis deux, mais mes bras n’en peuvent plus. Guy me relaie en tête, tandis que je suis ses pieds. Qu'elle est longue et froide cette natation ! Brrr ! 

 

À la sortie, une bonne surprise nous attend. Ma famille est là pour nous encourager. Ils ont dû se bouger pour arriver au bon moment. Un petit bisou et ça repart.

 

Maintenant le moral est bien meilleur. Tout d’abord parce que l’après-midi avance et qu’il fait moins chaud. Le soleil commence à passer derrière les montagnes, il y a plus d’ombre. Ensuite parce que les longues portions de natation sont finies. Nous n’allons plus souffrir autant du froid qui contraste avec la chaleur de l’air. Et puis, nous n’allons pas tarder à revenir vers la ligne d’arrivée, près de laquelle nous étions passés tout à l’heure. Et ça, pour le moral, il n’y a rien de mieux !

 

Une portion de course à pied nous fait monter vers un petit lac, presque une mare, à l’eau très chaude. Puis c’est une longue portion à pied à nouveau, plutôt barbante, qui va nous conduire à la dernière natation. Nous retrouvons l’eau froide du lac de Silvaplana. Mais c’est pour une portion courte et en plus c’est la dernière. Nous nous y lançons presque avec plaisir.

 

Une dernière course en bord de lac et c’est bientôt la ligne d’arrivée. Nous forçons l’allure pour ne rien lâcher. C’est accompagné de mon grand fils que nous en finissons.

 

Au final 8h46’44, une 84ème place au général (61èmes hommes). Bof. Après coup, je regrette de ne pas avoir fait le choix d’une combi plus courte. J’aurais certainement moins souffert de la chaleur, et donc par ricochet du froid de l’eau. Autre regret, l’absence de Coca lors des ravitaillements. C’est fou. C’est bien la première fois qu’il n’y en a pas sur une course et c’est là que l’on se rend compte que nous tournons à ça en permanence. Je me méfie des boissons énergétiques que je ne connais pas et qui ont tendance à m’écœurer. Et puis l’eau est très largement insuffisante. Oui, je l’assume, je suis accro au Coca en course. Il va falloir trouver une parade sur les autres courses Ötillö !

 

En revanche, dans les points positifs, il y a toujours notre binôme. Nous avons beau être différents, que ce soit en termes de physique, d’âge, de caractère, il faut bien reconnaître que l’alchimie fonctionne. Notre homogénéité d’allure et notre complémentarité nous permettent de boucler notre deuxième swimrun à une place qui, certes, ne nous convient pas forcement, mais qui nous offre nos premiers points au Swimrun Ranking, voie d’accès à la course reine, l’Ötillö.

Commentaires

  • Non seulement doué pour le s sports extrêmes en général mais également bon narrateur qui arrive à donner l'envie de participer à ce type de course !

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