Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

nicogo! - Page 7

  • 2è étape

    Elle est longue cette deuxième étape. 41 kms. Celle d’hier a laissé des traces. 29 abandons. Plus que sur la totalité d’un MDS classique. C’est sûr que 16 kms de dunes et une étape de mise en jambes qui fait 34 kms c’est pas pareil que celles des années précédentes avec leurs 25-30 kms…

    Toujours est-il qu’après les rituels petit dej, popo, rangement du sac, fixation du sac, boissons, pipi, ligne de départ, speech du GO qui souhaite les anniversaires du jour, on peut enfin partir. Ça y est les fauves sont à nouveau lâchés !

    Mais revenons un instant sur la fixation du sac. Grand moment ça. On charge d’abord le sac lui-même, puis le pack avant et ses foutues sangles qui partent de partout qu’il faut fixer en louchant et serrer à mort pour éviter que ça ballotte. Puis on fixe le dossard sur le pack avant pour qu’il soit visible. Puis on cale les sangles trop longues pour ne pas qu’elles se baladent lorsqu’on arrivera à courir un peu. Puis on finit par fixer la carte de pointage qui nous permettra de récupérer les bouteilles d’eau au CP et de valider notre passage. Finalement, si on ne s’est pas trop mal débrouillé, rien ne gêne et on peut rejoindre la ligne de départ.

    Au programme une ligne droite ininterrompue de 11,5 kms, sur une piste de 4x4 caillouteuse, pour atteindre le premier CP. Du coup j’ai des fourmis dans les jambes et je bouge Guy pour courir un peu. Il veut être prudent et préfère marcher. Je file en suivant Seb. Je trottine durant cette partie, alors que la chaleur s’installe doucement. On doit fournir un spectacle saugrenu vu des hélicos. Deux files indiennes qui cheminent en parallèle, suivant la trace des pneus des voitures qui ont tracé la piste. Et parfois, de temps en temps, un coureur qui s’échappe de cette trace pour doubler. Et pas un virage. Si ce n’était le moutonnement de la piste, on pourrait dès le départ voir le CP. Pour nous européens, habitués à nos collines, nos virages c’est un sacré changement.

    Au CP les bouteilles sont récupérées et on file sur une piste sableuse dans laquelle on s’enfonce. On passe à côté du village de Taouz, devant les yeux des enfants et vieillards qui nous encouragent, sans bien comprendre ce que l’on fait là. A vrai dire, à ce point, moi non plus…

    Passé le village un petit oued (Ziz) et on arrive dans un lac asséché. Qu’est-ce qu’il va être long ce lac. On en longe d’abord une « rive » puis on finit par le traverser. C’est un four ! Le soleil est à son zénith, la réverbération est maximale et il n’y a pas un brin d’air. Certains courent ou trottent, la plupart marchent comme moi. Je suis un long moment des Anglais au rythme rapide. Ça me fait forcer un peu l’allure et me permet surtout d’avoir un point de mire auquel m’accrocher. Je grignote aussi, histoire d’éviter une hypoglycémie, et surtout de faire passer le temps.

    On sort enfin de ce lac maudit. Des collines caillouteuses et puis des dunes. Aller, on reprend le slalom pour chercher du dur sous les pieds. A la sortie de ce cordon, le 2è CP.

    Bouteilles, hydratation et c’est parti pour une nouvelle piste caillouteuse qui descend à travers l’oued Outanouel. Interminable ligne droite ici aussi, juste entrecoupée d’une zone de dunettes. Ça c’est le pire je crois les dunettes. Le sable y est systématiquement mou, labouré par les coureurs précédents. Il y a plein de buissons qui forment des monticules de sable de quelques dizaines de cms, juste assez chiants pour ne pas pouvoir choisir une autre trace que celle de tout le monde. On y passe une énergie folle pour un rendement dérisoire.

    Au village de Jdaid, encore une grosse colline de cailloux. Où est-il ce CP ? Moi qui croyais qu’il serait au village, ben non, encore une bonne demi-heure à attendre.

    Finalement j’y arrive à ce CP3, je prends mes bouteilles et c’est parti pour une longue montée de sable, sur le jebel El Abeth. Ça chasse pas mal mais le fort pourcentage (15%) me plait bien. Je place mes pas dans ceux du gars devant moi, comme je le ferai dans un éboulis ou dans la neige. Je me remémore le Mont Blanc, huit mois plus tôt. Je me rends compte que c’est ce que je préfère ces forts pourcentages. Je suis plus à l’aise sur le dénivelé que sur le plat. Le sommet arrive, je bascule, me régale dans la descente puis poursuis mon chemin vers le lit asséché d’une rivière qui n’a plus dû voir l’eau depuis longtemps.

    Le temps de venir en aide à un concurrent pris de crampes, je repars avec Hervé. On va finir l’étape ensemble, prenant le temps de discuter. Il court pour l’association Vaincre la Mucoviscidose et en est à son 2è MDS. Ils sont 3 frères sur la course, touchés en leur chair par cette terrible maladie, emmenant tout un groupe avec eux pour récolter des fonds. Il en bave mais ne lâchera pas et finira ce MDS. On se retrouvera d’ailleurs sur plusieurs étapes, ayant un rythme quasi similaire. J’aurai d’ailleurs l’occasion de rencontrer sur d’autres étapes ses deux frangins, tout aussi touchants que lui. Sacré famille !

    Revenons sur la course. Le lit de la rivière arrive et avec lui la galère d’un mélange sable-cailloux dans lequel on peine pour avancer. Puis c’est le passage d’une colline pierreuse et finalement devant nous le bivouac en point de mire. On trotte un peu et on finit ensemble avec Hervé, portant ensemble le fanion de son association. Super moment d’échange.

    Puis c’est le traditionnel thé, puis récupération des bouteilles puis retour à la tente. Guy me suit de peu, 7 minutes derrière moi. Comme un con j’ai fait la course sans lui pour 7 petites minutes d’écart. C’est décidé demain on repart ensemble ! Les pieds tiennent toujours, le moral et le physique sont bons. Le soir c’est les traditionnels taboulé- internet-toilette-repas-dodo, le tout agrémenté des arrivées des uns et des autres et des récits de cette journée.

    Etape 2 : 41 kms. 7h26’44. 5,51km/h

     

    Récit du jour :  Salut,Je profite d'un peu plus de tps pour donner des news plus longues. C'est très dur mais pour le moment ça va. La chaleur est très pénible, je connais l'enfer dorénavant...
    le corps tient. Quelques ampoules mais rien de grave. Le sac est très lourd, mais tt le matos est ok. La tente est sympa mais l'ambiance en course assez perso...
    reportage jeudi 20h sur tf1.

    Pour Jules : je t'aime mon fiston, passe une bonne semaine je me languis de te revoir.

    Désolé pour l'écriture, clavier de m...
    A vite

  • 1ere étape

    Nous nous levons avec le jour. Ça y est, les affaires sérieuses commencent. Dernier petit dej que nous n’aurons pas à porter. Autant se faire plaisir et se rassasier au max. Jus de fruit, café, céréales, saucissons, banane et j’en passe.

    C’est aussi le moment de dire adieu à mes matelas et affaires que je compte laisser au départ. Ils profiteront aux berbères qui s’occupent de démonter nos tentes. Vieux T-shirt, vieux sweatshirt, blouse, matelas, j’aurai pu rester au chaud et dormir confortablement sans avoir à utiliser mes affaires de course.

    Puis nous gagnons la ligne de départ. Traditionnelle photo où nous formons le nombre 29, pour la 29è édition, sous le ballet des deux hélicos qui nous survolent. On se rapproche du sas de départ. On boit autant que l’on peut, on s’encourage, tandis que juché sur son camion, Patrick Bauer nous fait son speech de départ. Stress oblige je passe mon temps d’attente à pisser, pisser et pisser encore. Je me demande encore une dernière fois ce que je fous là. Quand je croise les regards des autres, je me rends compte que je ne suis sans doute pas le seul…

    Puis au son d’Highway to Hell nous nous élançons. Le palpitant est un peu trop haut, le rythme sans doute trop rapide mais on ne peut s’en empêcher. Sébastien et Pierre partent comme des balles, David est déjà très loin devant. Rémy et Michel nous suivent plus prudemment. Je réfrène Guy sur ces 3 premiers kms de plaine caillouteuse. Devant nous c’est les dunes qui nous attendent et on a quand même 250 kms de course à se frapper.

    Première tuile, je sens mon sac de couchage ballotter dans mon dos. Les attaches que j’avais prévues ne remplissent pas leur rôle correctement. Guy bidouille un truc et on repart.

    Les dunes, enfin, déjà. Là deux écoles s’affrontent vite. Les bourrins qui tracent tout droit quel que soit le sable sous leurs pieds et ceux qui cherchent à trouver du dur, donc du moins fuyant, quitte à faire quelques mètres en plus. Vu mon gabarit léger, j’opte très vite pour la deuxième solution. Ça me rend plus actif, fais travailler ma tronche et cela me fait sortir des sentiers battus (et rebattus par des centaines de pieds). J’aurai ainsi la possibilité de faire mes propres traces, de me sentir seul dans le désert (tout en n’étant finalement qu’à quelques mètres de la foule, juste derrière une dune…).

    Qu’elles sont belles justement ces dunes, jaunes orangées, parsemées de buissons, d’herbes, d’arbustes. Et puis c’est féérique de passer comme ça de moutonnement en moutonnement, de colline en colline, en ayant devant comme derrière (heureusement !) un long filament de coureurs. A décrire ces moments, je me remémore ces premières dunes et donc ces premiers appuis dont il fallait faire l’apprentissage, si éloignés de ce que j’avais pu préparer en France. Je ressens encore la chaleur qui monte du sol, le petit vent qui nous a permis de la supporter. Je me remémore cette lumière si particulière, mais également ce bédouin juché sur un 103 hors d’âge qui surfait littéralement sur les dunes pour nous voir et échanger quelques mots avec nous. Je me souviens de ce campement fait de bric et de broc que Guy m’a présenté comme un bivouac pour touristes qui découvrent ces dunes en promenades à dos de chameau. Et puis toujours les hélicos qui nous longent, nous frôlent presque, les 4x4 qui nous guident, nous suivent, nous canalisent. Une ambiance qui me rappelle la plaine des sables lors de la diagonale, le sentiment de vivre un truc de fou une fois encore.

    Les heures passent et on atteint le point culminant des dunes de l’erg Chebbi. Où que porte le regard, des dunes, du sable. Et des coureurs si loin déjà. Quelques kms plus loin un 4x4 nous informe qu’il nous faut prendre à gauche. Oui mais devant ils sont tous partis tout droit. Moment de doute, de tergiversation avec Guy. Lui voudrait suivre le flot de coureurs, moi suivre les instructions des commissaires de course. Finalement je l’emporte. Gros doute et gros stress. On est peu de coureurs à suivre ce chemin, il n’y a aucune trace devant nous à suivre. S’ils se sont foutus de nous on va se retrouver paumés au milieu des dunes. Guy me met grave la pression, d’autant que ça monte cher. Je m’obstine, on s’obstine et finalement, quasiment une heure plus tard, le premier CP est en vue. Yes ! D’autant que l’on voit un grand ruban de coureurs venir de la droite, passer le CP et repartir en direction opposée. Ils auront bouffé des kms en plus, en trop !

    Premier CP et premières bouteilles. On boit, on repart sans traîner. C’est qu’il y a encore de la route à faire. Et puis un CP ce n’est pas un ravito, comme j’en ai l’habitude. Une fois que les bouteilles sont prises et que le pointage a eu lieu, rien n’oblige à rester, du coup ça va vite.

    Fini les dunes, voilà une plaine coupée d’une piste sableuse, grise, presque noire que l’on va suivre. Ça fuit un max sous les pieds, il fait une chaleur à crever, c’est monotone. On mange un peu, ça fait passer le temps, on essaie de se motiver. Le rendement est merdique et ça dure. Tiens un autochtone coupe la piste. Il n’y a pourtant rien à droite ni à gauche. D’où vient-il, où va-t-il ? Magie du désert.

    Guy est déjà passé dans le coin, il m’en parle un peu, c’est toujours un moyen de s’évader un peu de l’effort et de la chaleur. Il me parle d’une mine de fer tenue à l’époque par les Français pas très loin d’ici. On quitte enfin cette fichue piste. Devant nous un « champ » de petites pierres noires. Une trace de 4x4 que nous suivons. Une colline en face, c’est la fameuse mine que nous allons découvrir. Avant d’y arriver nous traversons de vieilles constructions en pierre et torchis. C’est le village de M’Fiss.  Ambiance d’un autre temps. Puis, au col, la fameuse veine. Le fer n’est plus rentable, les Marocains y cherchent désormais du quartz. On franchit le col et on arrive bientôt au 2e CP.

    Rituel des bouteilles d’eau, du pointage et on repart pour la dernière étape du jour. On serpente dans des collines où se mêlent sable et pierres puis on suit un oued (Roub’in Oud) où l’on retrouve Sébastien. Nous qui croyions l’avoir loin devant nous ! Il a perdu du temps dans les dunes, victime collatérale des erreurs d’orientation. On fera un bout de chemin ensemble, à serpenter dans l’oued. Le genou de Guy fait des siennes. Il peine à suivre, on l’attend et on l’encourage. Il reste peu à faire, on voudrait terminer ensemble.

    Puis à la sortie de l’oued, encore des dunes, celles de l’erg Znaïgui, tout un cordon à grimper et à franchir avant d’arriver au campement. Guy est à la peine, il me dit de filer. Je cherche à suivre Sébastien mais finalement je fais vite ma trace, parallèle à celle des autres. C’est magique ce petit moment quasi seul à suivre la trace d’un unique concurrent qui m’a précédé. Selon le terrain je suis à quelques dizaines de mètres de tous les autres, pas plus. Mais c’est suffisant pour me sentir en plein désert. Parfois je contourne une dune et passe dans un « creux ». Plus aucun son, plus personne alentour. L’impression fugace d’être le premier à découvrir cet endroit.

    Puis on arrive au « col ». Devant nous le campement apparaît. La fatigue s’envole, je franchis cette première ligne d’arrivée. Je suis fourbu mais heureux et rassuré. Je cherche des yeux la webcam pour rassurer les miens qui sont peut-être rivés devant leur écran. Le physique tient, le moral aussi. Le matériel a brillamment rempli son office. Je bois mon thé à la menthe, récupère mes bouteilles d’eau et rejoins ma tente 12.

     Tout au long des heures suivantes, les arrivées s’égrènent, les souvenirs fusent, les anecdotes aussi, les impressions, les craintes… finalement tout le monde s’en est plutôt bien sorti mais on trouve quand même que l’on a plus souffert que ce à quoi on s’attendait. Corvée de bois, repas lyophilisé, toilette de chat, passage à la tente internet et gros dodo. Rideau sur cette première journée.

    Etape 1 : 34kms. 7h03’52. 5,24 km/h

    Mail envoyé : La course est rude mais tout se passe bien. Physiquement ça tient. 
    Pour jules : un gros bisou. Je t'aime.

    Je n'ai pas beaucoup de temps. Il file. J'embrasse tout le monde.
    A vite.

    Nico.

  • Le MDS. Intro.

    Ce MDS 2014 est sans doute l’une des expériences les plus enrichissantes de ma vie sportive. Je vais essayer, en quelques mots, de vous décrire une partie de cette course mythique.

     

    Le MDS est particulier sur de nombreux points. C’est une course à étapes, ce qui nécessite une gestion sur plusieurs jours : gestion de l’effort à fournir, de la récupération pour partir à nouveau le lendemain. C’est aussi une course en autosuffisance alimentaire, donc une gestion de ce que l’on va manger et du ratio poids/calories, tout en tenant compte également de l’appétence pour le sucré et/ou le salé et de la récupération évoquée plus haut. Enfin le MDS c’est aussi le sable, le désert, la chaleur.

    Ça c’est ce que j’avais anticipé. Mais ça a été aussi et peut être surtout une parenthèse dans ma vie, un moment à part. Ça a été des rencontres humaines très fortes, souvent très belles. Un voyage intérieur à certains moments, un voyage vers les autres également.

     

    Le 03/04/2014, je quitte Marseille, direction Paris. Dans la navette qui m’amène à Orly où se trouve mon hôtel, je croise  un premier blouson MDS, porté par un espagnol. 2 mots échangés, dont un « à demain » qui lance l’aventure. A l’hôtel, grosse concentration de chaussures de trail entourées de velcros (pour y fixer les guêtres) et de T-shirts microfibres ventant telle ou telle course. Un signe de tête, un regard, on se reconnait parmi les clients « habituels ».

    Le soir Yves, un concurrent contacté grâce à l’organisation, me rejoint pour partager la chambre d’hôtel. C’est autant d’économisé pour chacun. Une nuit courte à gamberger plus tard, le temps est venu de l’enregistrement des bagages. Premiers gilets beiges des commissaires de course, hyper concentration de trailers au m². On se jauge, on s’estime tout en discutant et en blaguant. « C’est ton premier ; t’as fait la diag, l’UTMB ? ». On croise des célébrités du petit écran ou du monde du trail, tous très accessibles et sympathiques.

    Comme on flippe tous de voir se perdre notre précieux sac de course durant le transit, on le garde avec nous en cabine. On a l’air malin avec notre pack avant, notre duvet, notre matelas et nos gourdes à pipettes qui pendent de part et d’autre… Je revois la tronche hilare du douanier à qui l’on explique que l’on a payé pour aller courir 250 km dans le désert marocain. On lui a égayé sa journée !

    Quelques heures de vol plus tard, atterrissage à Ouarzazate. On y est ! L’Atlas en toile de fond, tout enneigé au petit matin, le sable, la chaleur déjà. Les bagages sont à peine récupérés que nous voilà embarqués dans des cars pour 350 kms et 6 h de trajet, direction Merzouga et ses célèbres dunes, les plus hautes du Maroc. A mi-trajet pause où l’on nous remet un sachet piquenique accompagné d’un morceau de pain berbère (moelleux comme de la brioche et légèrement sucré, un délice) et de notre première bouteille de Sidi Ali, eau minérale sponsor de la course et compagnon de nos efforts.

    Puis c’est enfin l’arrivée au campement, avec ses trois cercles concentriques de tentes marabout. Des commissaires de bivouac m’orientent vers une tente à compléter. Ce sera la 12.