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mds - Page 4

  • La tente 12

    La tente 12, ce sera mon foyer durant ces quelques jours. Rien ne la distingue de ses voisines. Elles sont toutes noires, constituées d’une « toile » en grosse laine maintenue par 4 gros « piquets » et six petits, avec un tapis berbère au sol. Un toit sommaire avec deux pans de murs seulement, et donc deux ouvertures, que l’on peut plus ou moins refermer pour se protéger du vent.

    Lorsque je m’y rends, la tente est occupée par deux personnes. Commençons les présentations. Tout seigneur, tout honneur, le premier sera Michel. C’est notre doyen. Il a déjà fini le MDS il y a sept ans. Il court depuis vingt ans et parcourt environ 100 kms chaque semaine. Parmi son entourage, peu le donnent gagnant lorsqu’il évoque son projet. Il faut dire que Michel a 69 ans… Il nous aura causé du souci, chacun d’entre nous se demandant s’il arriverait le soir  l’étape, et quand, et dans quel état. Il sera pourtant finisher de son 2ème MDS, et pas forcément le dernier…

    Le deuxième occupant est Guy. Lui et Michel sont partenaires du même club de triathlon, sur Arles. Lorsque Guy a évoqué le MDS, Michel a répondu présent, comme il l’avait fait pour la diagonale, en 2011, la même année que moi. Guy c’est devenu « papa » pour moi durant ce MDS, un gars un peu plus âgé mais qui vibre pour les mêmes trucs que moi. Embrun, Nice, MDS, diagonale… Il est déjà passé par l’UTMB là où je suis passé par Roth ou Lanzarote… Proche quoi ! De niveaux quasi identiques, on a parcouru pas mal de kms ensembles ou pas loin. Si j’ai eu un plus le feu sur la longue, il l’a eu lui sur le marathon, me déposant sur place, à son corps défendant. C’est un mec avec qui je me sentirai bien de parcourir à nouveau un bout de chemin. D’ailleurs, quand quelqu’un autour de nous a évoqué la Badwater, on s’est regardé…

    David a été le quatrième à rejoindre notre tente. David c’est encore un autre profil. Marchand de cycle sur Tarascon, ancien coureur de 10 000, ancien commando, c’est une fusée sur pattes, sur laquelle on a greffé une sacrée caboche au mental d’acier. « Embauché » pour compléter le Team Maroc, il a plus que transformé son premier essai sur l’ultra en rentrant dans les 50 premiers (46è !). En plus de ce performer de haut niveau, j’ai découvert un mec super, avec qui on a pu beaucoup échanger, qui était toujours dispo pour aider, conseiller, encourager. Bravo l’artiste !

    Plus tard dans la soirée, la tente s’est remplie de ses trois derniers occupants. Commençons par Sébastien. Encore un gars super. Très bon coureur sur route et sur trail plus ou moins urbains, il s’est lancé dans son premier ultra avec le MDS, que sa femme lui a offert comme cadeau il y a deux ans (je sais ce que certains diront, on a des cadeaux bizarres des fois…). Coup d’essai coup de maître, il termine très bien classé avec une régularité étonnante durant toute la semaine. Je suis sûr que c’est un gars que l’on retrouvera sur du long voire du très long dans les années à venir. Si j’ai bien compris, la diagonale semblait lui faire du charme…

    Autre arrivant, notre toubib, Pierre. Marseillais d’origine, il a pas mal bourlingué outremer avant de poser ses valises à la Réunion, où il en a bien entendu profité pour se frotter avec succès à la diag. D’un naturel réservé, il nous a apporté ses conseils et sa compétence durant tout le séjour. Et au-delà, il finit super bien lui aussi, très régulier et finalement aussi à l’aise dans le désert qu’il l’a été dans les cirques Réunionnais.

    Et puis il y a Rémy ! Rémy, quand je l’ai vu débarquer, je ne le donnais pas gagnant. Contrairement à la plupart d’entre nous il ne semblait pas très affuté, pour ne pas dire pas affuté du tout. Comment dire, il ne portait pas que son sac… Et son sac justement, lorsqu’il nous l’a montré le matin des contrôles, il me semblait plus rempli et plus lourd que le mien. Un tapis de sol immense, dans lequel il roulait duvet et vêtements de rechange, ce qui donnait un étrange saucisson très volumineux, un couteau suisse qui devait friser le demi-kilo à lui seul, et de la bouffe, de la bouffe. On rigolait en lui promettant qu’il serait le seul à prendre du poids durant la semaine. D’autant qu’il n’avait rien reconditionné et que tout ça faisait de la masse et du volume en plus. Mais Rémy c’est un gars qui écoute. Prudemment il a laissé dans sa valise tous ses desserts, histoire d’alléger un peu. Après le contrôle, on s’annonçait tous le poids de nos sacs. 7.5 kg pour le mien, 13 pour le sien ! Après la première étape, il laissera aux Marocains qui démontaient nos tentes plusieurs plats lyophilisés. Malgré tout, lorsque le 3è jour on verra l’intérieur de son sac, on constatera avec humour qu’il contenait encore plus de lyophilisés qu’un rayon de Décath.

    Mais au fil des jours, Rémy n’a pas perdu de poids que dans son sac. Si l’on en a tous perdu, c’est sans doute chez lui que ça a été le plus spectaculaire. Vu le résultat on le chambrait en lui suggérant que sa femme l’inscrirait d’office chaque année dorénavant.

    Arrêtons sur le poids, ce serait trop réducteur de ne résumer Rémy qu’à cela. Car ce mec mérite vraiment que l’on s’y arrête. Comme lorsqu’un soir on discutait de nos temps sur marathon et qu’il nous avoue l’air gêné qu’il ne vaut « que » 3h07 sur la distance. Ben merde, il me met 25 minutes, et 5 sur Sébastien qui n’a pourtant pas à rougir de ses 3h12. Lui comme nous en restons sur le cul. C’est pas n’importe qui le bonhomme ! « Oui mais ça fait longtemps s’excuse-t-il presque ». Oui ben moi c’était il y a déjà dix ans quand même…

    Et puis sous ses airs de gentil (pas brave comme on dit à Marseille et qui est péjoratif mais vraiment gentil), j’ai découvert un gars solide, avec un boulot haut placé dans une très grande entreprise. Et surtout sur la semaine, il sera hyper constant, s’accrochant sans soucis au rythme de la course et triomphant haut la main de son MDS. Bref, vous l’aurez compris, un homme qui m’aura bluffé sur plus d’un point et que j’ai vraiment pris plaisir à découvrir.

    Voilà notre tente 12, ma « famille » du MDS. Six compagnons de route durant ces quelques jours.

  • Le MDS

     Ce MDS 2014 est sans doute l’une des expériences les plus enrichissantes de ma vie sportive. Je vais essayer, en quelques mots, de vous décrire une partie de cette course mythique.

     

    Le MDS est particulier sur de nombreux points. C’est une course à étapes, ce qui nécessite une gestion sur plusieurs jours ; gestion de l’effort à fournir, de la récupération pour partir à nouveau le lendemain. C’est aussi une course en autosuffisance alimentaire, donc une gestion de ce que l’on va manger et du ratio poids/calories, tout en tenant compte également de l’appétence pour le sucré et le salé et de la récupération évoquée plus haut. Enfin le MDS c’est aussi le sable, le désert, la chaleur.

    Ça c’est ce que j’avais anticipé. Mais ça a été aussi et peut être surtout une parenthèse dans nos vies, un moment à part. Ça a été des rencontres humaines très fortes, souvent très belles. Un voyage intérieur à certains moments, un voyage vers les autres également.

     

    Le 03/04/2014, je quitte Marseille, direction Paris. Dans la navette qui m’amène à Orly où se trouve mon hôtel, je croise  un premier blouson MDS, porté par un espagnol. 2 mots échangés, dont un « à demain » qui lance l’aventure. A l’hôtel, grosse concentration de chaussures de trail entourées de velcros et de T-shirts microfibres ventant telle ou telle course. Un signe de tête, un regard, on se reconnait parmi les clients « habituels ».

    Le soir Yves me rejoint pour partager la chambre d’hôtel. C’est autant d’économisé pour chacun. Une nuit courte, à gamberger plus tard, le temps est venu de l’enregistrement des bagages. Premiers gilets beiges des commissaires de course, hyper concentration de trailers au m². On se jauge, on s’estime tout en discutant et en blaguant. « C’est ton premier ; t’as fait la diag, l’UTMB ? ». On croise des célébrités du petit cran ou du monde du trail, tous très accessibles et sympathiques.

    Comme on flippe tous de voir se perdre notre précieux sac de course durant le transit, on le porte tous sur nous. On a l’air malin avec notre pack avant, notre duvet, notre matelas et nos gourdes à pipettes qui pendent de part et d’autre… Je revois la tronche hilare du douanier à qui l’on explique que l’on a payé pour aller courir 250 km dans le désert marocain. On lui a égayé sa journée !

    Quelques heures de vol plus tard, atterrissage à Ouarzazate. On y est ! L’Atlas en toile de fond, tout enneigé au petit matin, le sable, la chaleur déjà. Les bagages sont à peine récupérés que nous voilà embarqués dans des cars pour 350 kms et 6 h de trajet, direction Merzouga et ses célèbres dunes, les plus hautes du Maroc. A mi- trajet pause où l’on nous remet un sachet pic nic accompagné d’un morceau de pain berbère (moelleux comme de la brioche et légèrement sucré, un délice) et de notre première bouteille de Sidi Ali, sponsor de la course et compagnon de nos efforts.

    Puis c’est enfin l’arrivée au campement, avec ses trois cercles concentriques de tentes marabout. Des commissaires de bivouac m’orientent vers une tente à compléter. Ce sera la 12.


     

  • Réathlétisation

    Bon voilà trois semaines que j’avais coupé. Je me suis acheté une conduite et je suis resté sage. Je suis trop près du départ pour le désert pour risquer une récidive. Trois semaines de boulot, kiné et repos. Justes quelques petites randos avec ma douce et mon fils, une seule séance natation bien chi… sans pouvoir faire la moindre culbute.

    Des ondes de choc, de la physio du travail concentrique et surtout excentrique, je me suis plié à tous les exercices avec un seul objectif : guérir vite et (surtout !) bien.

    Cette semaine ça y est, j’ai eu le feu vert du kiné : j’ai recouru.  Deux fois 30 minutes à une allure de… vieux ! Mais l’essentiel est là, j’ai (presque) pas mal ! Du coup aujourd’hui c’était rando à la Sainte Baume. Du dénivelé, un sac surchargé (11,5 kg) et la satisfaction d’être reparti pour de bon.

    Alors bien sûr je vais avoir cette épée de Damoclès sur ma tête, je ne partirai pas serein encore une fois, mais peu importe, je suis encore à nouveau dans la course !